La pensée du
Crabe (Septembre 2000) Ce que le Crabe pense dans son pertuis, traduit par Claudia Ticani. |
Je me sens légèrement et débonnairement
nargué par les services météorologiques. Ce n'est plus
comme autrefois, quand on pouvait se fier à ces "menteurs", dans le
sens où l'on pouvait être sûrs qu'ils n'avaient pas les
moyens pour deviner ne fut-ce que le temps de la soirée. Aujourd'hui,
au contraire, ils disposent d'instruments très puissants, de satellites,
avec lesquels ils réussissent à prévoir exactement quelque
chose, même si à court terme. Toutefois personne n'ose
prédire, sans ménagement, à de milions de damnés
l'enfer qui les brûle, avec l'accompagnement barbare et inéluctable
des incendies furieux qui sont en train de détruire ce qui reste des
bois de certains pays de la Méditerranée. C'est
compréhensible. Personne n'aime de semer la panique. "Ceci n'est pas
le mois d'août plus incandescent qu'il ne se soit jamais vu dans
l'histoire". Ainsi disent-ils pour nous rassurer. "Demain il y aura un peu
d'air frais ... même si après-demain la chaleur torride reviendra
". Ainsi cherchent-ils à nous apaiser, les pauvres. Ils font ce qu'ils
peuvent. En attendant ici, sans conditionneur, nous passons nos journées
sous l'air chaud d'inutiles ventilateurs. Seulement si nous sommes disposés
à nous mouiller chaque demi-heure, jour et nuit, nous pouvons avoir
un peu de fraicheur. Les ventilateurs sont une de ces illusions qu'aujourd'hui
dans le monde on vend aux pauvres, tandis que les riches se permettent de
nombreux, efficaces conditionneurs pour défendre du surchauffage l'air
qu'ils respirent dans leurs maisons.... Peut-être que j'exagère.
Peut-être que cela aussi est une illusion. Il ne me semble pas, en
effet, que les conditionneurs aujourd'hui en commerce soient complètement
inoffensifs. Peut-être que les riches, à un autre niveau, subissent
les duperies des commercants sans scrupules (et sans le respect dû
à la richesse qui est un status symbol indiscutible...), au nez et
à la barbe de toutes les associations de consommateurs. Mais les pauvres,
parfois, sont ridicules. Ils sont disposés à dépenser
n'importe quelle chiffre quand ils sont convaincus par des bonimenteurs de
la bonté d'un remède. Et ainsi on voit les pièces vides
se 'raffraichir' avec les ventilateurs allumés au maximum, ignorant
les lois physiques plus élémentaires: les objets secs ne peuvent
rejoindre aucune température inférieure à celle de l'air
déplacé de peu de mètres avec un incroyable gaspillage
d'énergie. De leurs manoeuvres absurdes il ne reste que leur petite
contribution à l'augmentation de la température
atmosphérique, dûe à la chaleur émise pas les
petits moteurs électriques,qui va s'ajouter à l'air chaud
jeté dans les rues par les conditionneurs des riches. Ce sont des
comportements démentiels ingénus, mais on voit d'autres
scènes de cauchemars ces jours-ci. A Rome nous avons vu deux milions
de jeunes, venus de tout le monde catholique, affronter avec courage le climat
torride pour rencontrer le Pape et manifester leur foi et leur volonté
de servir la cause de la paix dans le mondo. Et puis nous avons vu des milliers
d'autres jeunes catholiques réunis à Rimini pour discuter de
questions politiques et sociales et acclamer d'autres genres de pontifes.
Je me suis demandé si ce n'étaient pas les mêmes jeunes.
J'y ai pensé et j'ai conclu que non, ce n'étaient pas les
mêmes. Trop joyeux et pacifistes les premiers, trop batailleurs et
enragés les seconds, supporters, sans doute inconscients, d'un certain
réveil de l'intolérance cléricale et de voyants pas
en arrière sur la voie de l'oecuménisme catholique. Sur la
même scène horrible sont apparus les déchirants meurtres
d'enfants, attribués au début à une catégorie
de malheureux définis improprement 'pédophiles': amis des enfants.
Puis, dans un des deux cas, on a découvert que les auteurs du crime
ne sont pas ceux auxquels le parlement et le gouvernement ont dédié
des journées de discussion et la mise à jour d'une loi, mais
une 'bande' de gamins auxquels les modernes parents ne sont plus capables
d'indiquer ce qui est bien et ce qui est mal! On dit cela et je crois que
c'est vrai. Et, à part les parents, y a-t-il quelqu'un qui sait remplir
son devoir pédagogique? Les enseignants à l'école? Quelque
"grand frère" télévisé ou de réseau global?
les hommes politiques? les sacerdotes? les juges? L'Etat de droit?... D'accord.
Ce sont les parents qui devraient commencer: ceux qui, dans cet enfer, ont
pris l'énorme responsabilité de jeter dans les rues du monde
d'autres vies humaines destinées, non seulement à la lutte
pour la survie, mais à la compétition obsessive et oppressive
pour leur propre affermation sans exclusion de coups dans la societé
post-moderne.
mic.dang@tiscalinet.it mic.dang@libero.it
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